May 24, 2024
Ce qui m’intéresse, c’est de garder une implication collective, de travailler des masses chorales.
La Maîtrise de Caen et le San Francisco Girls Chorus, associés à l’Ensemble Variances, créent O Future, sur un livret d’Alice Kudlak et dans une mise en scène qu’elle signe avec son père Bernard (l’un des fondateurs du Cirque Plume), où les voix d’enfants s’emparent de l’urgence d’agir pour notre planète en péril.
O Future traite par le texte et en musique de l’urgence climatique. Avez-vous abordé ces questions avec les jeunes chanteurs avant et après la composition ?
Thierry Pécou : Oui, bien sûr, et Alice Kudlak a vraiment pour démarche d’écouter les interrogations, voire les angoisses des enfants, de ne surtout pas plaquer sur eux notre vision d’adulte. Elle écrit avec leur voix, qu’elle mêle ensuite à des éléments de mythologie.
Les voix d’enfants sont-elles davantage capables de faire passer un message engagé ?
T.P. : O Future a en effet quelque chose d’assez militant. Porté par cette génération pour laquelle les enjeux du changement climatique sont encore plus vitaux, cet engagement a peut-être plus de force. Ils ont aussi cette énergie de la jeunesse, cet optimisme, cet élan vers un avenir meilleur qui à leurs yeux reste possible. Par ailleurs, j’aime écrire pour les voix d’enfants, les voix aiguës, égales ; on peut alors entendre l’équilibre entre les voix, même si l’équilibre instrumental est, lui, plus difficile à anticiper. Ce qui m’intéresse aussi beaucoup, c’est de garder une implication collective, de travailler des masses chorales, même pour un récit, même pour des personnages. Ici, le sujet s’y prête particulièrement.
« Ce qui m’intéresse, c’est de garder une implication collective, de travailler des masses chorales. »
L’œuvre sera créée par La Maîtrise de Caen et le San Francisco Girls Chorus. Chaque chœur chante-t-il dans sa langue ?
T.P. : Dans l’ensemble oui, même si ça se mélange un peu parfois. De plus, je souhaitais vraiment travailler avec un chœur de filles et un chœur mixte, pour donner au matériau sonore une couleur très tranchée. La langue renforce ces deux entités et ajoute aussi une culture vocale particulière.
Votre musique s’inspire souvent de cultures extra-européennes. Est-ce le cas ici aussi ?
T.P. : Oui. La référence à d’autres horizons musicaux – gamelan, flamenco, musiques précolombiennes… – est aussi une invitation à explorer le « Tout-monde », à trouver d’autres voies, d’autres rapports à la nature, plus respectueux.
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun