Une collaboration franco-britannique
L’artiste amérindien et chef kwakwaka’wakw Beau Dick a écrit :
Nous considérons que les créatures du monde animal sont nos frères, car autrefois, nos esprits étaient étroitement liés.
Ce programme explore l’idée que l’humanité partage la planète avec les animaux, les oiseaux, les plantes et la nature qui nous entourent, en une synergie qui va au-delà des espèces, inspirée par d’antiques cultures pour qui les mots de Beau Dick traduisent un mode de vie incontesté.
Commençant avec Sikus de Thierry Pécou, qui ré-imagine l’harmonie dans les musiques précolombiennes et le concept « Pacha » dans les Andes signifiant l’imbrication du temps et de l’espace visible et invisible, nous continuons avec les harmonies lumineuses de Sonata, du même compositeur, qui sont une autre déclinaison du temps, de l’espace, du visible et de l’invisible.
Une musique inspirée des vastes étendues de la nature et de la vie qui entourent les hommes sur terre : c’est ce à quoi nous convie la compositrice Stevie Wishart dans l’exploration des chants du merle noir dans son œuvre Gardez la distance. À son tour, mais d’une autre manière, François Bernard Mâche fait dialoguer chant d’oiseau, flûte et piano dans Sopiana, avec une écriture d’une virtuosité phénoménale.
Un projet fondé sur le dialogue avec les non-humains
Voir et ressentir avec les animaux ? Un élément commun à de si nombreuses cultures amérindiennes ? Une idée qui peut paraître incroyable aujourd’hui. Pourtant, ce programme questionne ses auditeurs : que peut signifier pour nous une remise en cause de notre vision anthropocentrique de l’univers afin d’envisager des perspectives communes aux différentes espèces ? Que peuvent nous dire les cultures anciennes, les animaux, les oiseaux et leurs chants mêmes, sur notre propre passé, notre présent et notre avenir ? Si nous écoutions de telle sorte que nous puissions ensuite parler, penser, voir et ressentir à l’unisson... Ceci nous concerne tous pour affiner notre niveau de sensibilité à l’égard des autres créatures avec lesquelles nous partageons la planète.
Vidéos
Programme
Thierry Pécou
Sonata pour piano solo
François-Bernard Mâche
Sopiana pour flûte, piano et chants d’oiseaux préenregistrés
Stevie Wishart
Gardez la distance pour flûte, clarinette, piano et sons électroniques
Thierry Pécou
Sikus pour violoncelle solo et dispositif électronique
Effectif
Ensemble Variances
Anne Cartel flûte
Carjez Gerretson clarinette
Marie Vermeulin piano
Thierry Pécou piano
Artiste invité
Stéphane André violoncelle, Conservatoire & Orchestre de Caen
Captation
26 janvier 2021
Conservatoire & Orchestre de Caen
Ce concert a eu lieu sous la forme d'une captation audiovisuelle au sein du Conservatoire & Orchestre de Caen.
Thierry Pécou
Sonata (2016. Co-commande de l'Ensemble Variances et Les Musicales de Normandie)
François-Bernard Mâche
Vigiles (Création mondiale. Commande de l'Ensemble Variances)
Thierry Pécou
Sikus (2001. Commande de GRAME - Ministère de la Culture)
En savoir plus sur les œuvres
Thierry Pécou
à propos de Sonata
Sonata – dont il faut comprendre le titre dans son étymologie « faire sonner » – est construite autour d’accords de dix sons composés de successions de quintes justes que j’appelle des accords-lumière. Bien que m’inspirant du concept kabbalistique des Sephiroth, les dix émanations de la lumière primordiale, cette partition n’est sous-tendue par aucun programme et garde un caractère abstrait. Le frétillement perpétuel des harmonies, l’animation foisonnante des accords sont rendus par une écriture virtuose du piano qui sonne dans son plus large spectre et semble ouvrir un espace sonore ample.
Stevie Wishart
à propos de Gardez la distance
Gardez la distance reflète le processus d’apprentissage du chant chez l’oiseau. Tout au long de la pièce, les interprètes apprennent le langage de la composition et le partagent à leur tour avec l’auditeur. Les titres des mouvements (Subsong Plastic Song et Song Crystallisation) sont ceux que donnent les ornithologues aux différentes phases de l’apprentissage de l’oiseau. La pièce est portée par la rencontre de la spontanéité, de la notation et du silence en s’inspirant de la performance aviaire.
En tant que compositrice, le chant très riche des oiseaux m’a ouvert le champ des possibles car il m’a permis d’aller vers de nouveaux horizons émanant de la nature, plutôt que de l’humanité. C’est une sensation magique, car mes oreilles plongent dans un monde sonore que je ne peux appréhender, mais qui est pourtant incroyablement musical. Travailler avec des chants d’oiseaux me permet de vivre l’expérience de la nature d’une manière unique. Je suis ravie de composer pour l’Ensemble Variances, qui partage également mon engagement à associer musique et questions environnementales.
Thierry Pécou
à propos de Sikus
Au centre du dispositif électronique de Sikus diffusé sur huit enceintes entourant le public, le violoncelle dialogue avec des sons échantillonnés de flûtes de pan andines appelées « sikus » en langue aymara (ou « antara » en quechua) qui donnent leur nom à la pièce, ainsi que d’autres types de flûtes de la même région : anatas, quenas. Car le but ici est de faire en sorte que s’interpénètrent les timbres de ces flûtes et celui du violoncelle, par les artifices d’écriture et par l’emploi de modes de jeu particuliers et leur traitement informatique. La partie électronique intervient comme un prolongement du violoncelle, en modifie le timbre, en accroît l’étendue, ou encore en augmente le volume et la présence dans l’espace de la salle de concert par des procédés de réverbération.
La dualité acoustique/électronique, qui se manifeste par l’ambivalence entre le son produit visiblement par le jeu de l’interprète sur son instrument et le son généré par l’ordinateur, est envisagée comme une métaphore de la dualité présente dans la pensée des cultures indigènes des hauts plateaux des Andes, en particulier dans la division de l’espace-temps en deux grandes zones : celle visible par l’homme, « le lieu où volent les nuages » où le temps vient vers nous, opposée à la zone invisible, entrailles de la terre et du temps laissé derrière nous.
Informations
Avec le généreux soutien de Diaphonique, fonds franco-britannique pour la musique contemporaine en partenariat avec la SACEM, les Amis de l’Institut français du Royaume-Uni, le British Council, l’Institut français, l’Institut français du Royaume-Uni, Le Centre National de la Musique, Creative Scotland, la Fondation Salabert et RWV Trust. Projet également soutenu par l’ODIA Normandie, Office de diffusion et d’information artistique de Normandie. Partenariat avec University of Bristol, Bristol New Music, Conservatoire et Orchestre de Caen.